Le scoutisme constitue à la fois une référence et un vivier pour le secteur de l’enfance inadaptée des années d’après-guerre. Cette influence n’est pas absolument nouvelle. Dès les années 1920, les pratiques du scoutisme sont envisagées comme un moyen de prévenir et de combattre la criminalité juvénile. Des scouts intègrent alors des patronages (Rollet), l’éducation surveillée et créent des centres d’un nouveau type (Ker Goat).
Dès la fin des années 1940, le scoutisme est le principal vivier pour la profession d’éducateur. Ces éducateurs sont souvent recrutés par cooptation, ce qui facilite le recours régulier au réseau scout. À Montjoie, les cinq fondateurs viennent du scoutisme et obtiennent le soutien du Commissaire général des scouts de France, Jacques Astruc. Grâce notamment aux conférences du méridien tenues à Jambville et l’ANEJI, ces conceptions et ces méthodes se généralisent dans le secteur. Les nouveaux centres adoptent une organisation en groupes proche de la patrouille scout au sein desquels l’éducateur doit jouer un rôle de modèle et doit tenter de recréer un climat familial.
À partir des années 1950, les éducateurs transforment leurs références et leurs pratiques sous la double influence des sciences du psychisme (psychologie, psychanalyse, psychiatrie) et de la volonté de reconnaissance de leur profession par l’obtention d’un statut et d’un diplôme d’État.